La fragilisation: un enjeu important

Un défi grandissant pour le système de santé

Le fardeau de la fragilisation est en constante progression au Canada. À l’heure actuelle, plus de 1,5 million de Canadiens sont cliniquement fragilisés. Dans 10 ans, c’est au-delà de deux millions de Canadiens qui pourraient être fragilisés. On compte 3,75 millions de proches aidants au pays qui prennent soin d’une personne âgée (de 65 ans ou plus) éprouvant un problème de santé de longue durée, un handicap ou une détérioration de la santé liée au vieillissement.

La fragilisation entraîne également une utilisation accrue des ressources en soins de santé. Des 220 milliards de dollars consacrés aux soins de santé chaque année au Canada (11 % du PIB), 46 % sont consacrés aux personnes de plus de 65 ans, bien que celles-ci ne représentent que 16 % de la population. Les coûts d’exploitation liés aux soins prodigués aux Canadiens de plus de 65 ans qui sont hébergés en établissements de soins de longue durée (7 % de la population) s’élèvent à 31 milliards de dollars.

Les Canadiens âgés et fragilisés sont surreprésentés dans tous les contextes de soins de santé : soins primaires, communautaires, en établissement, intensifs et de fin de vie. Cette population croissante n’est pourtant ni reconnue ni bien desservie, ce qui met le système de santé au défi d’améliorer la qualité et la quantité des soins.

À l’heure actuelle, on ne dispose pas de données probantes suffisantes pour orienter les soins prodigués aux personnes âgées et fragilisées. Nous ne savons pas si les thérapies appliquées aux personnes fragilisées leur sont bénéfiques ou nuisibles, ni si elles présentent un bon rapport qualité-prix ou si elles gaspillent plutôt les ressources déjà limitées en soins de santé.

En outre, le réseau de la santé n’est pas bien outillé pour faire front à la fragilisation :

  • le système de santé a été pensé pour traiter les maladies affectant une seule partie ou fonction du corps, et non les problèmes complexes touchant plusieurs parties ou fonctions du corps dont souffrent les personnes fragilisées;
  • les professionnels de la santé et la population ne comprennent pas bien ce qu’est la fragilisation, ne savent pas la reconnaître et n’y accordent pas suffisamment d’importance;
  • les professionnels de la santé qui possèdent l’expertise nécessaire pour prendre soin des personnes fragilisées sont peu nombreux;
  • la piètre intégration du système entraîne de piètres résultats chez les personnes âgées et fragilisées.

« Quand on ne dispose pas de l’information nécessaire, on surutilise souvent des technologies agressives et coûteuses sans amélioration des résultats, ce qui cause indûment de la douleur aux patients, de l’inquiétude pour la famille, les aidants et les professionnels de la santé, et un gaspillage des ressources de la santé. »                          – Dr John Muscedere, directeur scientifique