Frank et Betty McKenney — ÉVITER la fragilisation
Il y a près de deux ans, en juillet 2018, Betty et Frank assistaient à une réunion de famille à Thunder Bay. Tous les deux accordent beaucoup d’importance à la famille, et tentent de participer à ces réunions chaque année. Âgés de 89 et 90 ans, respectivement, Betty et Frank représentent de précieuses sources sur l’histoire de la famille pour les autres membres. Cette réunion ne s’est toutefois pas si bien passée. Betty a glissé et est tombée en descendant les marches de la terrasse. Ayant été infirmière, elle a décidé d’évaluer la situation avant d’appeler une ambulance.
« J’étais donc allongée là sur le sol, avec toute cette douleur, dit Betty. Je pouvais bouger mes bras, ma tête et mon épaule, mais pas mon genou droit. Alors je savais que je m’étais cassé quelque chose. »
Ce qu’elle avait cassé, c’était le fémur, c’est-à-dire le long os qui va du genou à la hanche. On considère souvent cette fracture comme une mauvaise fracture parce que le fémur est le plus grand os du corps, et que sa guérison est longue et douloureuse.
Betty a dû attendre cinq jours à l’hôpital, incapable de bouger, avant d’être opérée. Ils lui ont posé une longue plaque avec huit vis. Elle dit que cela va bien avec ses deux genoux artificiels. Après l’opération, Betty s’est mise à réfléchir à la question de son rétablissement.
« J’ai demandé au médecin combien de temps il faut pour se rétablir. Il m’a répondu : « Eh bien, quand on a 25 ans, entre 8 et 12 mois. Si on a plus de 65 ans, au moins un an. » Alors j’ai dit : « Et quand on a plus de 85 ans? Il m’a regardée et a finalement dit : « Beaucoup plus longtemps, mais on ne le dit habituellement pas aux gens parce qu’ils survivent rarement. » J’ai alors répondu : « Moi j’ai l’intention de survivre, alors donnez-moi une idée de la durée de cette période. »
On lui a dit finalement qu’il faudrait entre 18 et 24 mois avant qu’elle soit assez bien pour remarcher. Et elle soupçonnait que personne ne croyait vraiment qu’elle y parviendrait. Personne, bien sûr, sauf Frank.

« Nous avons une vie très active, affirme Frank. Betty est en forme, elle fait de l’exercice régulièrement, et je savais bien qu’elle n’allait pas accepter d’être inactive. J’étais sûr qu’elle allait se rétablir. »
Dix-huit mois plus tard, Betty s’était remise à marcher et à jouer au jeu de palets. Elle avait une blessure qui, selon les médecins, tue souvent les personnes âgées fragilisées, mais Betty avait d’autres plans.

Le docteur John Muscedere adore l’histoire de Betty et de Frank. John Muscedere est le directeur scientifique du Réseau canadien des soins aux personnes fragilisées (RCSPF), un organisme qui se consacre à l’amélioration des soins destinés aux personnes âgées et fragilisées. Il dit que l’une des principales raisons du rétablissement de Betty est qu’elle n’était pas fragilisée.
« Beaucoup de gens ne réalisent pas que la fragilisation est en fait un problème de santé », déclare le docteur Muscedere. Il est possible de l’éviter ou du moins de la réduire au moyen de l’approche appelée ÉVITER la fragilisation. ÉVITER est un acronyme qui aide les gens à se rappeler des composantes de l’approche : Équilibrer son alimentation en consommant plus de protéines. Vérifier ses médicaments chaque année avec son médecin pour s’assurer qu’ils sont toujours nécessaires. Immuniser : vérifier d’avoir ses vaccins à jour. Tenter de bien dormir : le sommeil est essentiel pour se rétablir et permettre aux systèmes corporels de récupérer. Entretenir des liens avec les amis et la famille, et Rester actif pour renforcer les muscles. Je parie que Betty et Frank font tout ça. »
Et c’est exactement le cas. Betty et Frank n’avaient jamais entendu parler du Réseau canadien des soins aux personnes fragilisées jusqu’à récemment, mais ils vivent conformément à l’approche Éviter la fragilisation depuis des années. Ils mangent bien, socialisent, s’assurent que leurs vaccins sont à jour, demandent à leur médecin de vérifier leurs médicaments et, surtout, ils font de l’exercice régulièrement.
« Je sais bien que c’est parce que j’ai un mode de vie actif que j’ai pu me rétablir. Nous marchons tout le temps. Nous avons gravi une montagne en Australie il y a seulement quatre ans. Nous adorons le jeu de palets. Nous prenons soin de notre corps, alors quand j’en ai eu besoin, mon corps a pris soin de moi. »
Frank s’empresse d’ajouter que toutes les personnes âgées ne vont pas gravir des montagnes, mais que ce n’est pas ça l’important. « Si vous avez la chance d’être en bonne santé, alors vous devez rester actif. C’est la clé pour bien vieillir. » Si vous suivez le conseil du RCSPF du mieux que vous le pouvez, vous avez de bonnes chances, comme dirait Betty, de ne « pas vous fragiliser ».
« Il y a deux termes qui nous guident toujours, Betty et moi : positif et négatif. Nous évitons le négatif. C’est notre façon de penser, et nous tentons de tout faire de manière positive. »